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Etymologie du nom du village
Extrait du livre "Beez au fil des
temps" écrit par Pol Maquet
(Présence et action culturelles de Beez)
"En nous basant sur les ouvrages relatant l'histoire de Beez, sur la tradition orale ou les études sémantiques, nous relevons plusieurs théories relatives au nom du village.
A. La simpliste
Cette théorie se base tout simplement sur l'élevage, répandu jadis dans les pâtures de Beez et Lives, de nombreux troupeaux de moutons. Les bêlements de ces ruminants, amplifiés par la résonance entre les deux versants de la vallée, font entendre un immense
"bêêê" qui aurait donné son nom au village.
Cette hypothèse fait malgré tout son chemin dans la tradition orale.
B. La poétique
L'origine du nom de Beez remonte au 13ème siècle. A cette époque, le village est une avouerie dépendant de l'église de Sclayn et obéissant au prince évêque de Liège (avant d'être rattachée à l'évêché de Namur en 1559).
Dans les années 1200, le prince évêque de Liège décide de se rendre sur ses terres qui vont jusque Malonne et Floreffe. Longeant la rive droite de la Meuse, il arrive à proximité du comté de Namur avec lequel il est en dispute et où le passage lui est interdit. Obligé de rester sur son territoire pour contourner la ville, il passe par le gué entre Lives et Beez. C'est à ce moment que, séduit par la beauté de notre site, il s'exclame "c'est bê" (autrement dit "c'est beau" dans la langue wallonne en usage à cette époque).
Nous pouvons malgré tout donner assez de crédit à cette théorie puisque nous pensons que l'histoire est muette sur Beez jusqu'au 13ème siècle.
Nous voyons plus loin qu'il n'en est rien.
C. Les sémantiques
- selon H. CARNOY (cité par R. DELOOZ, dans Les villages de Namur-Est, Namur, 1990, p.8), Beez tire son nom
- soit de "Bettiacum" (bois de bouleau)
- soit de "bais" (ruisseau)
- d'après Jean CARTUYVELS (La Ward Anglaise en Meuse Moyenne au Bas-Empire, Bruxelles, CARTUYVELS, 1991, p. 17) une clé plausible à l'interprétation de Beez serait le terme "bast" commun à l'anglais et au néerlandais. A l'époque du Bas-Empire (de 235 à 476) les écorces sont des denrées régulièrement transmises par voie asine (à dos d'âne).
L'écorce de chêne (en wallon "hwèce") est employée en tabberie, celle du bouleau (en wallon
"bôle" ou "biyole") est source de fibre textile ou autre.
"Bast" désigne la sous-écorce du bouleau. Bette "bast" est donc fibre textile ou sert à la fabrication de cordage, après rouissage.
D. La plus plausible
Beez trouve son nom également dans la période du Bas-Empire. Les noms de l'époque se rapportent fréquemment à des domaines. Leur radical nous renseigne, le plus souvent, sur le nom de leur propriétaire. En l'occurrence, celui dont dérive l'actuel nom de Beez, Bessium, désigne le domaine d'un certain Bessius.
De fait, vers 1880, la Société Archéologique de Namur retrouve les vestiges de la villa romaine de Bessius, située entre le bois communal et l'actuel Forêt. Lorsque les Romains viennent s'établir là, le village n'existe pas. Bessius n'est pas n'importe qui pour que le bruit de son nom porte aussi loin. C'est probablement un haut fonctionnaire résidant à Namur qui fait élever cette villa où il va passer la bonne saison, faisant cultiver la terre fertile des alentours par une légion d'esclaves. (O. MARCHAL, Namur, mon beau pays , Bruxelles, Hatier, 1985, p 47-50).
Pour compléter cette étude, signalons trois particularités attachées au nom du village :
- le 24 novembre 1481, un acte fait état de l'avouerie de Bey
- en 1692, la carte des mouvements des armées françaises durant le siège de Namur, renseigne le village de Bay
- après la fusion des communes, le village qui peut prétendre à l'appellation Beez-sur-Meuse est ramené au simple nom de Beez.
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